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La question du jour : la colère des agriculteurs et les blocages, qu'en pensez-vous ? |
TB : " Bonjour.
TB : La question que l'on doit se poser, c'est pourquoi ces mouvements ? Pourquoi en France, on met autant de plans pour l'agriculture et sans résultats. Pourquoi au niveau de la région Bretagne, nous avons eu le pacte d'avenir pour la Bretagne, le plan agricole agroalimentaire régional, la nouvelle alliance pour l'agriculture. Pourquoi tous ces plans, toutes ces annonces ne produisent pas leurs effets. C'est une question qu'il faut se poser et qui conduit les agriculteurs à descendre dans la rue et ils manifestent leurs mécontentements.
TB : Oui, c'est surtout la preuve que l'on n'a pas de résultats. Parce qu'il n'est pas logique que la France, première puissance agricole en Europe, il y a quelques années, soit rétrogradée alors que nous avons, j'en suis convaincu, une agriculture et des agriculteurs qui sont compétents, techniquement, formés et qui répondent aux exigences européennes et françaises en matière de sécurité sanitaire, sécurité alimentaire, en matière environnementale, et en matière aussi d'aménagement des territoires et des paysages.
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TB : Et bien, déjà, le gouvernement peut travailler à ce qu'il y ait une meilleure solidarité entre tous les maillons de la chaîne, c'est-à-dire depuis la production, jusqu'à la grande distribution. Les agriculteurs, depuis 40 ans, produisent plus de valeur ajoutée, c'est-à-dire, plus de richesse aujourd'hui qu'il y a 40 ans, pour les raisons que l'on évoquait tout à l'heure, de sécurité sanitaire, alimentaire et autre qualité. Cette valeur doit être mieux répartie. On a des outils et je pense par exemple, à l'autorité de la concurrence. Je prends un exemple, lorsque cet été, les industriels répondent à l'appel du Ministre de l'Agriculture pour essayer de trouver des convergences et tirer les prix vers le haut. Ils se font tirer l'oreille par l'Europe et se font accuser, soupçonner d'entente illicite et en France, il y a finalement peu de centrales d'achat derrière lesquelles sont regroupées la grande distribution. Moi, j'aimerais que l'autorité de la concurrence en France mette son nez un petit peu dans le fonctionnement de ces centrales d'achat et dans les discussions qui régissent les centrales d'achat pour le compte de la grande distribution et les industriels parce-que, est-ce que l'on peut accepter, aujourd'hui, que le litre de lait soit payé, 27,28,29 centimes le litre et que l'on retrouve la brique de lait UHT, à 1€, dans les rayons des grands magasins. Est-ce que l'on peut accepter que le porc soit acheté 1€10 ou 1€20 et que dans les grands magasins, pour le consommateur, la côtelette de porc soit à 6€50. Il y a bien une valeur ajoutée qui est créée et c'est une bonne chose.
TB : Tout à fait. Donc nous devons travailler à ce que, cette valeur ajoutée, cette richesse, soit mieux répartie. Et si la solidarité qui devrait être naturelle dans le monde dans lequel on vit, alors vous allez me dire que je suis sans doute irréaliste, mais si elle était réelle, et bien dans le cadre des discussions des interprofessions, lorsqu'il y a crise, en effet, nous pourrions organiser une meilleure répartition de la valeur ajoutée. Cela passe sans doute par la création d'outils nouveaux de gestion des crises. Ça passe sans doute même par la création de fonds mutualisés, de fonds mutuels privés pourquoi pas, approvisionnés par les acteurs de la filière, y compris la grande distribution. Il y a des discussions possibles. On a plusieurs leviers.
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TB : J'en suis surtout le co-rapporteur, c'est-à-dire qu'il y a un député de la majorité socialiste et un député de la minorité, moi-même, qui sommes chargés d'animer une mission depuis septembre, de procéder à des auditions à travers tous les filières de l'agriculture et acteurs de l'agroalimentaire et de la distribution. Au terme de ces auditions, pour le mois de mars, nous devons rendre un rapport avec des préconisations, des recommandations. Le sujet, si vous voulez, est de comprendre les raisons de la crise et de faire des recommandations, pour démontrer, car je suis convaincu, qu'il y a un réel avenir pour les filières de l'élevage, en France. J'en suis convaincu ! Sur les farines animales quand même, je voudrais rectifier ce que vient de dire votre auditeur, ce ne sont pas les agriculteurs qui ont intégré des farines d'origine animales dans certains aliments, ça n'est pas vrai. Les agriculteurs, je le répète, ont répondu à toutes les exigences, les contingences de qualité. Les leviers, ils sont de niveau européen, national, régional et même local, moi en tant qu'élu, je préside le Pays de Fougères, qui fédère des communautés de communes, nous travaillons très bien avec des représentants de la chambre d'agriculture, avec les agriculteurs et les acteurs de la filière agroalimentaire pour essayer de créer de la valeur ajoutée au niveau local et il y a des leviers possibles, je pourrais les décrire tout à l'heure si vous m'en laissez le temps.
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TB : Disons que je comprends que les organisations agricoles crient leur désespoir et font des propositions depuis un certain nombre d'années. Puisque le temps nous est compté, sur les propositions, premier message, aux agriculteurs, il faut absolument accélérer la mise en œuvre des associations de producteurs.
TB : Il y a quelques années, Bruno le Maire a lancé la contractualisation mais parallèlement, la puissance publique, c'est-à-dire les élus et l'Etat n'a pas accompagné les organisations de producteurs pour créer des associations d'organisations de producteurs, chargés de discuté avec des industriels et la grande distribution. Ça, c'est une urgence ! Deuxième sujet, la fiscalité. La TVA sociale doit être mise sur le haut de la pile des discussions notamment pour taxer des importations. Troisième point, sur la fiscalité.
TB : Elle doit être amplifiée. On doit permettre aux agriculteurs les bonnes années. Créer un fond de réserve non imposé, non fiscalisé de façon à ce que celui-ci soit mobilisé en cas de crise."