Notre modèle agricole, qui avait permis à la France de se hisser au rang des premières puissances agricoles mondiales, est aujourd'hui confronté à une triple impasse.
Cette situation, aussi critique soit-elle, n'est pas inexorable. Refusant toute fatalité, il est temps de faire de l'agriculture une grande cause nationale ! La solution n'est pas tant dans une accumulation de plans d'urgence, nécessaires mais centrés sur le court terme, mais dans l'adoption de réformes structurelles.
Agir, d'abord, pour réformer la PAC et doter l'Union européenne d'un mécanisme assurantiel pour prémunir les producteurs contre les aléas climatiques et économiques.
Agir, aussi, pour renforcer notre diplomatie commerciale et trouver de nouveaux débouchés à l'export. Avec 28 millions d'hectares, la France est le pays d'Europe qui dispose de la plus grande surface agricole utile (SAU), 40 % de plus que l'Allemagne. Si la production agricole française atteignait les capacités d'exportation des Pays-Bas, notre chiffre d'affaires ne serait pas de 65 milliards mais de 778 milliards d'euros ! L'enjeu est de miser sur la complémentarité. Permettre à différents types d'agriculture (conventionnelle, circuits courts, biologique, agro-industrie) de coexister harmonieusement afin d'optimiser tous les débouchés possibles !
Le rééquilibrage des négociations commerciales est aussi une impérieuse nécessité ! Il n'est pas normal que quelques centrales d'achat de la grande distribution dictent, à elles seules, les règles du jeu. Les producteurs doivent se structurer au sein des associations de producteurs (OP et AOP) et faire entendre leur voix. L'accord obtenu mardi 30 août avec le groupe Lactalis démontre encore la pertinence de cette approche commune.
Enfin, alors que la Représentation nationale étudiera bientôt le nouveau projet de loi de finance pour 2017, le Gouvernement doit enfin accepter une refonte de la fiscalité agricole, toujours différée à ce jour ! Baisser drastiquement les charges via une TVA sociale, faciliter les transmissions d'exploitations et simplifier la déduction pour aléas (DPA) pour en faire un véritable outil d'épargne professionnelle.
Ringarde l'agriculture ? Assurément pas. Il suffit, pour s'en convaincre, de se rendre au salon de l'Agriculture ou au SPACE et d'y découvrir de formidables innovations (énergies renouvelables, oméga 3, lunettes connectées, drones, colliers de géolocalisation). De la désespérance à l'espoir, il n'y a qu'un pas. Le chemin est difficile mais possible. Non, la Ferme France n'a certainement pas dit son dernier mot !